LIBRE MARCHE : L'AVEU DE L'ECHEC EN MATIERE FINANCIERE

Publié le par Yannick

WASHINGTON (AFP) - Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a présenté officiellement lundi un vaste projet de refonte de la réglementation financière, destiné à en améliorer l'efficacité, en donnant notamment une mission considérablement accrue à la banque centrale.

Cette dépêche d'agence datée d'aujourd'hui illustre la gravité de l'échec des politiques de libéralisation des marchés. Les craintes provoquées par la crise financière sont telles que même la droite américaine, qui s'était pourtant montrée très sensible aux arguments des théoriciens des anticipations rationnelles, est aujourdhui convaincue, sous la pression des professionnels de la finance, de la nécessité d'un net renforcement du contrôle des activités bancaires et de marché par la banque centrale, organisme d'état.

Le choix du libre marché est pourtant partagé par les partisans de l'Europe Libérale. Il se retrouve dans le texte du traité de Lisbonne, qui a reçu ces derniers mois le soutien de la grande majorité des socialistes français et européens. Cela illustre le chemin qui reste à parcourir à la gauche pour, au minimum, comprendre simplement la réalité du monde dans lequel nous vivons, et la gravité des choix des socialistes depuis l'Acte Unique Européen, ce chef d'oeuvre d'un Jacques Delors toujours encensé par ses camarades de parti.

Par ailleurs, il faut s'interroger sur le degré de sincérité des autorités américaines et sur la possibilité d'un contrôle efficace de banques privées très actives en dehors du territoire américain. Les banquiers, qui ont trouvé avec les nouveaux outils de spéculation une véritable mine d'or, n'y renonceront pas facilement, et leurs moyens de pression sur le pouvoir politique sont énormes. En tout état de cause, une réglementation américaine sera plus ou moins facile à contourner grace aux filiales des banques installées dans les paradis fiscaux. On imagine mal comment la FED pourrait contrôler efficacement les activités off-shore.

L'annonce faite par le secrétaire d'Etat au Trésor risque fort de subir le même sort que toutes les déclarations d'intention des autorités formulées après chaque crise financière. Il est dans la nature même des marchés de produits dérivés, qui sont à l'origine de l'actuelle crise des subprime après avoir provoqué les crises des vingt dernières années, d'être spéculatifs, instables et de manquer totalement de transparence. Tous les spécialistes et opérateurs de marché qui s'expriment depuis cet été reconnaissent que personne ne peut mesurer la réalité des engagements pris par des les banques; que dire alors de la sincérité des bilans des fonds spéculatifs ? Une simple réglementation, même sévère, ne résoudra pas le problème et ressemble beaucoup à de la poudre aux yeux. Le Trésor américains espère simplement contribuer à rétablir un minium de confiance entre banques pour éviter de nouvelles faillites et permettre au système de perdurer.

Il est facile d'en tirer la conséquence : ou la crise actuelle ne sera pas surmontée, ou elle le sera de manière temporaire et la prochaine étape sera pire.

En Europe, si nous voulons échapper à la catastrophe économique qui menace, il faut choisir la seule méthode efficace, qui est de contrôler les banques de l'intérieur, en mettant à leur tête des dirigeants investis d'une mission de service public (en France, nous avons l'expérience des entreprises de service public efficace
.) 

IL EST DONC URGENT DE FAIRE MONTER L'EXIGENCE D'UNE PROPRIETE PUBLIQUE DES BANQUES. LA NATIONALISATION-EUROPEANISATION DES RESEAUX BANCAIRES DOIT DEVENIR UNE REVENDICATION PRIORITAIRE DES GAUCHES. 

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